Inauguration des peintures murales de l’église Saint-Martin

Le 18 septembre 2020, la Mairie, CRVB et la Fondation du patrimoine se sont retrouvées à l’église St Martin en présence de nombreux élus et donateurs pour l’inauguration des peintures murales, désormais entièrement restaurées.

Dominique Luquet, la restauratrice à qui ce chantier en 2 phases avait été confié, a tenu à expliquer en quoi consiste son métier.

Tous les intervenants se sont réjouis du résultat final, faisant renaître des décors peints d’une beauté exceptionnelle.

Discours prononcé par Jean-Luc Colombat, président de CRVB:

Je souscris bien sûr au propos des orateurs qui m’ont précédé, aux remerciements et aux satisfecit exprimés.

Comme Monsieur le Maire l’a souligné, notre association, Connaissance et Renaissance du Vieux Bouxières, n’a jamais mieux porté son nom qu’aujourd’hui car ce que nous fêtons est bien une renaissance, une mise au jour de ce qu’a été le Bouxières ancien, celui de la fin du Moyen Age.
Et, même si nous nous sommes imposé la consigne d’être brefs pour ne pas allonger notre séjour dans l’église, nous pouvons néanmoins prendre le temps d’admirer ces peintures et d’imaginer ce qu’ont éprouvé les Bouxiérois des années 1480 quand ils les ont vues.

Notre satisfaction et notre admiration d’aujourd’hui ne seraient pas sans la piété des hommes du Moyen Age, sans le Bouxières du Moyen Age, siège d’une abbaye située à quelques lieues de la capitale du duché de Lorraine.
Notre satisfaction et notre admiration ne seraient pas sans les partenariats et les collaborations que nous avons mis en place, sans la volonté qui les a précédés et sans les synergies qui en ont résulté.
J’adresse donc aussi de vifs remerciements :
à Denis Machado et à ses collègues du conseil municipal,
à la D.R.A.C. à Enora Juhel, à madame Sonrier pour leur accompagnement au moment de la demande d’inscription à l’InventaireSupplémentaire des Monuments Historiques et à Madame Gloc qui a pris la suite pour la seconde phase,
à la Région (qui pour moi reste lorraine) et à Madame Gazin, présente à nos côtés depuis le début,
au Conseil départemental, à Catherine Boursier et Anthony Caps, pour l’attention amicale qu’ils ont portée à notre projet,
à la Fondation du Patrimoine et à monsieur Vicq pour son engagement et son militantisme au service de nos modestes richesses.
Je n’oublie pas les donateurs, sollicités par deux fois et dont la générosité traduit leur attachement sincère et discret au patrimoine culturel et religieux de Bouxières.
Je citerai aussi Ilona Hans Collas, historienne de l’art et auteur d’une thèse sur « La peinture murale en Lorraine du XIIIème au XVIème siècle », qui a suivi avec attention les deux phases de restauration.
Je dois aussi rappeler la contribution du comité de Jumelage et celle de la municipalité de Mutlangen, commune jumelée à Bouxières depuis 1964. Merci à Valérie Jamme et Stefanie Eßwein.

Et que dire à NOS restauratrices ? Elles ont été 8 sur l’ensemble du projet à mettre leurs compétences diverses au service d’un travail d’équipe.
Elles sont ce soir représentées par Dominique Luquet et Laurence Blondaux.
Leur travail nous a comblés, pas seulement pour la beauté des résultats obtenus mais aussi pour la manière élégante dont elles nous ont associés à leur entreprise, avec le souci constant de nous transmettre ce qu’elles savent de la création de ces peintures et de l’art de les faire renaître.
Ceci a été plus sensible encore au cours de cette seconde restauration qui s’est déroulée en plein confinement, alors que l’accès au chantier nous était théoriquement interdit. Les contacts et les échanges téléphoniques quotidiens nous ont permis de nous approprier les découvertes successives et de participer, très modestement d’ailleurs, à certaines identifications. Elles méritent notre gratitude.

Nous sommes aussi heureux du fait que CRVB ait pu tenir sa place dans ce projet et y jouer un rôle déterminant.
Mais cela, nous le devons à la richesse et à l’originalité de notre patrimoine auquel même des chercheurs étrangers s’intéressent. De la période gallo-romaine à notre récent passé industriel il est des pans d’Histoire que nous nous appliquons à remettre au jour pour en rétablir l’importance et l’intérêt.
Je ne parle pas que des villae gallo-romaines, des nécropoles mérovingiennes dont les vestiges ont malencontreusement quitté Bouxières, du Trésor de Gauzelin qu’en 1985 nous avons réussi à faire revenir ici pour une exposition d’une journée.
Je parle de la Charte de fondation de l’abbaye que l’on croyait disparue, comme Robert-Henry Bautier dans son ouvrage sur les origines de l’abbaye de Bouxières,
je parle de la crypte de l’ancienne église abbatiale, construite au Xème siècle et intégralement conservée dans son état originel, ce qui en fait une des dix plus anciennes cryptes de France,
– je parle des multiples œuvres d’art qu’abrite cette église St-Martin et des liens qui lient les unes aux autres, de nos quatre Saint Nicolas, de nos deux Saint Roch, des deux François d’Assise (mais toujours pas de Saint Martin).
Ce patrimoine n’est pas constitué que de vestiges, il est vivant, il nous relie certes au passé mais aussi à d’autres lieux. Ainsi, nous avons à Bouxières l’Extase de Saint François de Jean Le Clerc, peintre caravagesque lorrain, dont on voit des tableaux à Venise, à Munich, à Washington ou au Louvre.
Ce patrimoine n’est pas figé, ces peintures murales comportent encore des mystères qui leur confèrent plus de consistance et de saveur et CRVB se propose modestement d’en empêcher l’oubli et d’en enrichir la connaissance.

Nous pouvons nous enorgueillir d’être les dépositaires de ces richesses patrimoniales et je reconnais que la restauration de cet ensemble pictural conforte ma bouxiéritude.
Quand depuis mon XXI ème siècle je regarde ce mur chevet percé d’une niche abritant une statue de Vierge à l’Enfant datée de 1320, recouvert de peintures du XVème siècle, de décors XIXème, je me dis qu’on a quand même bien fait de se démener et que Lucien Linden, le curé découvreur de 1974, serait heureux de voir ça.