L’acte de fondation de l’abbaye de Bouxières était la plus précieuse archive du monastère, vénérée comme une relique par les chanoinesses jusqu’à la Révolution française. Il était conservé dans une boîte noire tapissée de soie.

On le croyait perdu après 1789. Il a été retrouvé par hasard en 2002 par l’historien allemand Klaus OSCHEMA de l’Université de la Ruhr à Bochum (Allemagne) : Depuis 1834, le document fondateur de l’abbaye se trouve à VIENNE (Autriche) à la Fideikommissbibliothek devenue la Bibliothèque nationale d’Autriche (ÖNB).

Reproduction du document

Date de la fondation : 13 janvier 938

L’année de fondation traditionnellement retenue était 935. L’étude de Klaus Oschema a permis de rectifier cette erreur :

A la fin du document, au-dessus de la signature de GAUZELIN, on peut lire la phrase suivante:
« Acta Tullo, idibus ianuarii regnante Ottone rege, ordinatione nostre anno XVI »
qui se traduit ainsi :
« Fait à Toul aux ides de Janvier sous le règne du Roi Otton, la 16ème année de mon ordination.« 

Dans le calendrier romain, les ides correspondaient chaque mois au 15eme ou au 13eme jour selon que le mois comptait 31 ou 30 jours. Le mois de janvier comportait 30 jours.

Gauzelin ayant été nommé évêque de Toul en 922, la date de fondation de l’abbaye Notre-Dame de Bouxières est donc le 13 janvier 938 et non 935.

Pourquoi l’acte de fondation se trouve-t-il à la bibliothèque nationale d’Autriche à Vienne ?

En 2021, l’historien Steven VANDERPUTTEN de l’Université de Gand (Belgique) a établi les circonstances de la disparition du précieux parchemin en 1790 et de sa remise, 43 ans plus tard, à l’empereur d’Autriche.

Quelques temps avant la dissolution de leur couvent et la confiscation de leurs archives, les chanoinesses avaient pu mettre le Trésor des chartes en lieu sûr.
Deux soeurs faisaient partie de ces dernières religieuses : Marie-Rose et Angélique de Lort de Montesquiou.

Selon la déclaration de biens souscrite en 1791 et conservée dans les archives de CRVB, Marie-Rose de Lort est devenue Caroline de Lort.

C’est sous ce nom qu’elle a dirigé le « Collège royal de jeunes filles » fondé par Napoléon à Milan, de 1809 à 1828.
Elle avait en effet été maintenue à la tête de ce prestigieux établissement en 1816, au moment où l’Italie avait été placée sous domination autrichienne.

Fin décembre 1833, elle a fait remettre la fameuse petite boîte noire contenant l’acte de fondation à l’ambassade d’Autriche à Paris, en vue de l’offrir à l’empereur François 1er d’Autriche.

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Sources:

• L’abbaye de Bouxières (1859) – Henri LEPAGE
• Les origines de l’abbaye de Bouxières-aux-Dames (1987) – Robert-Henry BAUTIER
• Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung (2002) – Klaus OSCHEMA
• Dismantling the Medieval. Early Modern Perception of a Female Convent’s Past (2021) – Steven VANDERPUTTEN